Les montagnes russes d’une maman d’Asperger

La vie a encore rebattu mes cartes. Nouvelle donne !

Je pensais qu’une certaine stabilité s’était installée … Que nenni. Depuis plusieurs semaines, j’ai l’impression de devoir encore tout recommencé à zéro au niveau professionnel. Me recentrer, me réaligner, choisir l’activité qui pourra aller avec les contraintes personnelles que je vis au quotidien … Encore et encore ! J’ai fait ça de nombreuses fois déjà depuis 10 ans.

J’ai arrêté de travaillé, j’ai repris un travail à domicile puis j’ai commencé le coaching en auto-entrepreneure. Et là encore aujourd’hui, retravailler sur mes offres de services pour qu’elles puissent coïncider avec mes obligations familiales. C’est fatigant, démotivant. Comme une impression de rouler avec le frein à main !

Ce n’est pas recommencer à zéro, ce n’est qu’une impression, une perception des choses. C’est encore et toujours un réajustement, un nouvel équilibre à trouver pour mon bien, celui de mon fils et de mon mari.

Mon fils

Pour ceux qui ne le savent pas, je suis maman d’un enfant à Haut Potentiel et également Asperger. Un cocktail détonnant ! Pour résumer (c’est vraiment un résumé archi simplifié) c’est un enfant de 13 ans ultra intelligent qui a toujours besoin de nouveauté mais dans ses intérêts particuliers. Avec cela vous pouvez rajouter une hypersensibilité sensorielle et une socialisation des plus compliquée. Autant dire que l’école est pour lui un parpaing sur les épaules depuis ses 3 ans (oui le caillou dans la chaussure est tellement insuffisant dans l’image).

L’école c’est renter dans les cases. Lui, il déborde allègrement des cases et ne compte pas vraiment y rentrer tout simplement car c’est souffrant pour lui. Il fait de nombreux efforts pour essayer de satisfaire aux exigences de la société, de l’éducation et tente grandement je pense de satisfaire nos attentes. Il a l’impression de n’être jamais « assez » ou d’être « trop ». Il pense ne pas être bien tel qu’il est tout simplement car tout le monde autour lui demande de changer.

C’est beaucoup de pression pour de frêles épaules. Beaucoup de souffrances déjà endurées pour une si jeune vie.

Etre parent d’enfant atypique : tout un programme !

En tant que parents d’enfants atypiques, il est difficile de rester serein face à tout ça. Nous faisons face à la souffrance de nos enfants, à la déstabilisation parfois de la sphère familiale lors des moments les plus difficiles, aux exigences de l’éducation nationale, aux impératifs légaux de la société, aux conseils et fortes suggestions de tous les spécialistes et « sachants » qui accompagnent nos enfants. Il y a de quoi y perdre le moral et la santé.

On pourrait tout envoyer balader et faire « comme on le sent » ou « comme on peut » mais comment savoir si l’on fait bien ?

Prendre la bonne décision au bon moment tel est le challenge que nous devons relever quotidiennement. Mettre le curseur au bon endroit, doser en permanence … entre pousser son enfant à faire plus et mieux … lever le pied pour respirer, souffler et récupérer.

Certains diront « c’est pareil pour tous les enfants » ! Non. Ce n’est pas pareil et il est bien normal que vous ne compreniez pas vraiment où je veux en venir.

Se faire confiance ?

Je connais mon enfant : ses besoins, ses contraintes, ses talents, ses compétences et son potentiel gigantesque. Mais je suis sa mère et en cela je ne suis pas pleinement objective. J’ai souvent hésité à prendre certaines décisions concernant mon fils alors que mon corps me criait de le faire, car je sais que mon amour pour lui est immense. Et cet amour peut parfois être trop protecteur.

Peut-on donner trop d’amour à un enfant ? L’amour d’une mère peut-il lui faire prendre de mauvaises décisions ? Ou au contraire la société nous a-t-elle tellement conditionnés que nous hésitons maintenant à faire confiance à cet amour unique, puissant et inconditionnel ?

Telles sont les questions que je me pose en ce moment, en traversant ces nouvelles montagnes russes. Jusqu’à quel point écouter les besoins de son enfant ?

On prône constamment d’écouter ses besoins et de les satisfaire. Oui mais voilà, pour un enfant autiste on vous dit que dans ce cas précis ce n’est pas possible.

  • Il trouve l’école trop bruyante et donc est épuisé avec une seule demie-journée : il doit s’y confronter pour s’y habituer !
  • Il ne veut pas socialiser avec ses pairs car il les trouve inintéressants : il doit quand même le faire, l’école c’est la socialisation !

Toujours cette fameuse case où il faut rentrer parce que « vous voyez, si votre fils n’y arrive pas il ne pourra pas faire partie de la société ». Sous-entendez là il sera un paria, un marginal.

Et si la société incluait ces personnes atypiques AVEC leurs contraintes et pas en voulant les gommer, les changer ? En quoi ce sont eux qui devraient payer le prix d’une société malade, individualiste et obtuse ?

A nous parents d’enfants atypiques, soyons courageux !

A nous parents de ces enfants formidables

  • de faire valoir leurs droits,
  • de renforcer leur estime d’eux-mêmes, leur confiance en eux,
  • de leurs montrer leur potentiel,

A nous parents de ces enfants admirables de courage et de persévérance

  • de faire briller nos yeux de fierté,
  • de les soutenir et de les écouter en tout temps pour qu’ils réalisent, malgré tout ce qu’ils reçoivent de l’extérieur, qu’ils sont des êtres complets, parfaits tels qu’ils sont.

Lettre à mon fils,

Mon fils,

Déborde des cases autant que tu en as besoin, ils finiront bien par s’y habituer. Sache qu’il y aura toujours de formidables personnes pour t’accepter tel que tu es et que c’est cela qui compte dans une vie.

Aujourd’hui je prends une grande décision : finis les injonctions ! J’écoute mon cœur et mon corps pour te guider dans la plus belle des vies. Je sais ce qui est bon pour toi, tu m’as choisie pour être ta maman ce n’est pas par hasard. Je t’écoute, je m’écoute. Vis à 100% cette vie si belle. Fais toujours de ton mieux et ce sera très bien ainsi. Je t’aime plus que tout au monde.

Maman